Redécouvrez notre débat sur l'école avec Jonathan Peterschmitt : "Soyons les premiers précepteurs de nos enfants"
En ce mois d'août, nous vous invitons à (re)découvrir certaines publications marquantes de l'année 2024. Aujourd'hui, nous vous proposons de plonger dans un débat sur l'école entre deux personnalités du monde chrétien aux sensibilités différentes, Jonathan Peterschmitt et Raphaël Anzenberger.
L'école est aujourd'hui un sujet de débat, notamment chez les chrétiens. Certains voient un véritable danger dans l'école de la République et ses principes de plus en plus libéraux, tandis que d'autres sont plus mesurés. Jonathan Peterschmitt vous donne son avis.
Dans le domaine spirituel comme dans le domaine naturel, la place de l’apprentissage est clé :
"Toi, demeure dans les choses que tu as apprises, et reconnues certaines, sachant de qui tu les as apprises ; dès ton enfance, tu connais les saintes lettres, qui peuvent te rendre sage à salut par la foi en Jésus-Christ." (1)
L’éducateur, l’éducation et par conséquent l’école sont des sujets essentiels.
L’école publique est prépondérante en matière d’apprentissage : à la rentrée 2022, 5 564 100 élèves du premier degré (86,6 %) et 4 465700 élèves du second degré (79 %) étaient scolarisés dans "le public" (2). Quoiqu’imparfaite, comme l’ont noté certaines élues, l’école publique est une chance et offre à beaucoup le bagage intellectuel nécessaire au voyage vers la vie d’adulte, j’en suis convaincu pour avoir fait ce voyage.
Mais alors, où y a-t-il controverse ?
Le débat se situe surtout autour d’une autre mission dont La République a investi l’école : "Sans l’éducation, la transmission des valeurs de la République ne peut être assurée. L’École y contribue et se mobilise aux côtés de ses partenaires pour les valeurs de la République." (3). Il serait illusoire de penser que l’école ne cherche pas à exercer une influence morale sur les écoliers, c’est un de ses objectifs annoncés.
Sur ce point, l’Histoire nous enseigne, la mission des Hussards noirs de la République (4) était très claire selon Serge Issautier : "C’est à la superstition que les républicains veulent arracher l’École" ; "Les républicains se servirent alors de cette infanterie enseignante pour, en quarante ans, démanteler l’École catholique…"(5).
De là, les valeurs d’une société matérialiste se sont implicitement transposées sur les tableaux noirs de l’école post-moderne. Et c’est ainsi que le narratif officiel, sous couvert d’une morale laïque (égalité, lutte contre les discriminations, le sexisme, etc.), favorise son point de vue au détriment de tous les autres. C’est ainsi que l’Éducation nationale promeut l’intervention en milieux scolaires d’associations militantes pour la pratique du péché (AMPP) (6) et qu’en parallèle, toute référence visible au Dieu qui nous a créés à son image (Imago Dei) est bannie pour délit de prosélytisme. La foi religieuse est matière privée, honteuse, contraignante, grâce à la foi laïque "on peut être soi" (7).
Je dénonce ici un système, pas des personnes, les enseignants font un travail remarquable et souvent contraint. Nous sommes appelés à bénir et à prier pour tout le personnel de l’éducation nationale.
"Car nous n’avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les dominations, contre les autorités, contre les princes de ce monde de ténèbres, contre les esprits méchants dans les lieux célestes." (8)
Les écoles confessionnelles ou à domicile, tout en ayant leurs limites, proposent des solutions intéressantes et avantageuses. Cependant, même ces formes d’enseignement optimisées du point de vue de la foi ne remplacent pas et ne doivent pas remplacer les premiers pédagogues à savoir :
Nous, les parents. "Instruis l’enfant selon la voie qu’il doit suivre; Et quand il sera vieux, il ne s’en détournera pas." (9)
La controverse évoquée ci-dessus porte sur le sujet crucial de la transmission d’idées aux enfants et jeunes adultes, et la famille chrétienne semble compter les points d’un match qu’elle est censée disputer. Ce n’est ni à l’école ni même à l’école du Dimanche de le faire, cela se passe à la maison.
Le message idéologique de la société comble trop aisément les carences familiales par une délégation passive d’un rôle qui est celui du couple parental premièrement. Nous le constatons par les choix et discours politiques en la matière, le modèle familial chrétien est dénigré, l’individu doit être émancipé de son milieu familial vu comme toxique et l’enfant devient "l’enfant de la république". Et bien non!
Si nos enfants sortent de nos foyers instruits des choses de Dieu, exercés aux discussions éthiques, aux débats contradictoires et ayant trouvé des réponses à leurs questions fondamentales, affermis dans la foi et la Parole de Dieu, alors, quel que soit le milieu scolaire qui les formera, serait-ce le désert universitaire le plus athée, eux fleuriront et seront à leur tour source de lumière!
Je conclus qu’il nous faut dénoncer et prendre position face aux promoteurs du péché, mais aussi proposer des solutions et réaffirmer la responsabilité première des parents dans la transmission de ce qui est plus précieux que toute connaissance, la foi vivante est vraie en Jésus. Soyons les premiers précepteurs de nos enfants, car c’est à nous que Dieu les a confiés, soyons dignes de cette confiance.
Jonathan Peterschmitt est médecin, il fait partie de l'église la Porte Ouverte à Mulhouse.
(1) 2 Timothée 3: 14-15 (Bible Louis Second)
(2) L’Education Nationale en chiffres édition 2023
(3) Education Nationale Valeurs et engagements
(4) Charles Péguy (1873-1914) dans L'Argent en 1913
(5) Serge Issautier, "Un autre point de vue sur l'école normale d'Avignon…" (contribution p. 200 à 208) dans Quelle école et quels enseignants ?, Éditions L'Harmattan, Paris, 2006.
(6) Cf. Article: 17 mai - Journée mondiale de lutte contre l'homophobie, la transphobie et la biphobie educ.gouv.fr
(7) "Ici on peut être soi" : La campagne nationale de prévention et de sensibilisation 2023 contre les LGBT+ phobies
(8) Ephésiens 6:12 (Bible Louis Second) (9) Proverbe 22:6 (Bible Louis Second)
Article initialement publié le 24 février 2024
Découvrez l'opinion de Raphaël Anzenberger sur le même sujet en cliquant ici.